"Quand la donnée devient un atout pour la viticulture" – Rencontre avec l’équipe derrière le VigieLab
- lweber636
- 4 avr.
- 4 min de lecture

Un projet au cœur de l’ADN de Phloème
Aurélie Albert, Tristan Roze des Ordons et Laurent Chambriard, associés et fondateurs de Phloème.

Comment est né le VigieLab, laboratoire de données au service du vignoble ?
Aurélie Albert : Le VigieLab n’est pas un projet annexe, il fait partie du cœur de l’expertise de Phloème. Dès la fondation de l’entreprise, nous avons ressenti le besoin de structurer et de capitaliser sur les données de terrain pour accompagner les viticulteurs dans leurs prises de décision. Le VigieLab est d’abord né d’une volonté de nous regrouper pour travailler ensemble, avec les mêmes protocoles, et d’investir dans des outils qui nous feraient gagner du temps. Les outils numériques permettent à la fois de gagner du temps sur le terrain et de professionnaliser les échanges avec les viticulteurs. Nous voulons consacrer notre temps à l’observation, au conseil, et à l’échange, pas à recopier des données et à faire des rapports. Nous avons investi ensemble car nous n’aurions pas pu le faire seuls.
Tristan Roze des Ordons : L’univers d’une exploitation viticole est incroyablement complexe : il repose sur des milliers d’interactions entre le sol, le climat, la vigne et les pratiques culturales. Dès le départ, nous avons fait le choix d’associer l’observation fine du terrain à des outils de modélisation avancés. Le VigieLab est né de cette approche : il collecte, structure et connecte ces informations pour mieux comprendre et anticiper les défis viticoles.
Laurent Chambriard : Notre approche repose sur un double engagement : être au plus près des préoccupations quotidiennes des viticulteurs tout en développant une vision à long terme. Nous avons toujours voulu conjuguer pragmatisme et innovation, immédiateté et anticipation. Le VigieLab est la concrétisation de cette ambition.
En quoi le VigieLab s’inscrit-il dans la mission de Phloème ?
Aurélie Albert : Nous avons fondé Phloème avec la conviction que la viticulture ne peut pas être pensée de manière isolée. Chaque exploitation s’inscrit dans un écosystème plus large – technique, environnemental, social et économique. En partageant nos données et nos analyses avec l’ensemble des acteurs de la filière, nous contribuons à une viticulture plus résiliente et mieux préparée aux défis de demain.
Tristan Roze des Ordons : L’un des grands enjeux actuels, c’est la transition agroécologique. Réduire les intrants, optimiser les interventions, anticiper les risques sanitaires : tout cela repose sur une connaissance fine des parcelles et un suivi rigoureux des données. C’est exactement ce que permet le VigieLab. Il transforme l’observation en un véritable outil de prévoyance.
Laurent Chambriard : Cette démarche repose sur une exigence forte : la fiabilité des données. C’est pourquoi nous avons mis en place une méthodologie rigoureuse et investi dans des outils numériques performants pour garantir la précision et l’exploitation optimale de ces informations.
Une méthodologie rigoureuse et fiable
Quels moyens avez-vous mis en place pour assurer la qualité des données du VigieLab ?
Aurélie Albert : Nous avons choisi d’investir massivement dans le développement numérique et la structuration des données. En quatre ans, nous avons consacré 450 000 € – soit 16 % de notre chiffre d’affaires – à ces outils et au développement des compétences par nos salariés. Nous avons ainsi créé un extranet dédié, qui offre aux viticulteurs un accès simplifié à leurs données et un véritable outil de traçabilité en ligne.
Laurent Chambriard : Au-delà des outils, nous avons construit une équipe d’experts qui veille à la qualité et à la cohérence des données. C’est un élément clé de la réussite du VigieLab. Le VigieLab et tous les outils numériques développés par Phloème ont contribué à améliorer les services aux viticulteurs et leurs performances. Ils nous ont permis aussi de développer la clientèle de Phloème et d’attirer de nouveaux talents. Aujourd’hui, ce sont huit conseillers de terrain qui accompagnent les viticulteurs au quotidien.
Une équipe d’experts au service de la fiabilité des données
Quelles sont vos contributions au VigieLab ?

Florian Chiron – Responsable des outils numériques
Mon rôle est de développer les solutions de stockage, de traitement et de valorisation des données. La fiabilité d’un système comme le VigieLab repose autant sur la qualité des observations que sur leur structuration. Nous avons mis en place des bases de données interconnectées, une standardisation des formats et des outils d’analyse avancés pour garantir des résultats exploitables en temps réel. Je suis aussi chargé d’encadrer les étudiants chercheurs qui réalisent des stages sur l’analyse de données chez Phloème.
Marie Houlette – Responsable cartographie
Je suis en charge de la gestion et de la mise à jour de la base de données des parcelles. Une observation n’a de valeur que si elle est correctement localisée et contextualisée. Grâce à une cartographie dynamique et précise, nous assurons une traçabilité complète des données, ce qui permet aux viticulteurs de visualiser l’évolution des maladies et des ravageurs sur leurs parcelles et d’adapter leurs décisions en conséquence.

Nathalie Poppe – Responsable technique et scientifique
Mon rôle est de superviser et de contrôler les observations pour garantir leur qualité. Après plus de 20 ans d’expérience de terrain, nous avons mis en place une méthodologie rigoureuse, avec une harmonisation des notations et une digitalisation systématique des relevés. Ce niveau d’exigence est essentiel : il permet de fournir des données homogènes et immédiatement exploitables, sans retraitement nécessaire. C’est ce qui fait du VigieLab un outil de référence, aussi bien pour la recherche que pour la prise de décision sur le terrain